Vendredi soir j’étais l’invité de l’association ATTAC pour un débat sur l’Europe de demain.
L’UMP et le MODEM avaient décliné l’invitation et je me suis retrouvé seul en compagnie des listes de toute la gauche, du NPA de Besancenot aux Socialistes, en passant par les Ecologistes et le Front de gauche !
Ce débat était intéressant car il a révélé l’impasse dans laquelle se trouve enfermée la gauche française, tiraillée entre le socialisme gestionnaire – qui diffère peu de son alter ego de droite sur l’essentiel - et le romantisme pseudo-révolutionnaire sans lendemain.
Il faut tout d’abord reconnaitre que nous partagions tous une certaine analyse des dérives de l’hyper-capitalisme et des dangers de destruction de la planète.
Preuve que, venu d’horizons politiques différents, on peut au moins s’accorder sur les données du problème :
Comment la France dans une mondialisation inhumaine peut elle préserver son modèle social et républicain ?
Accord aussi, malgré bien des nuances, sur certaines solutions à mettre en œuvre comme par exemple la taxe carbone, le contrôle des entreprises énergétiques, ou l’investissement massif dans la recherche et les énergies renouvelables.
En revanche, dès qu’il s’est agi des moyens pour mettre en œuvre de nouvelles politiques, j’étais en désaccord complet avec eux.
D’un côté, le PS qui accepte le système bruxellois, en reconnaît, certes, les limites, mais est tellement résigné qu’il croit impossible de s’en extraire et se satisfait donc d’une vaine implication pour tenter d’y peser.
Pervenche Bérès, Députée Européenne sortante, nous expliquait ainsi qu’il fallait accepter de faire des compromis suscitant à juste titre la colère des militants d’Attac qui ont bien compris sa résignation, son défaitisme et son incapacité d’ailleurs à obtenir quoi que ce soit de tangible.
De l’autre côté, il y avait les représentants de la gauche protestataire qui veulent s’exonérer de ce système bruxellois mortifère mais qui refusent l’idée nationale. Ils ont tellement confondu la Nation avec le nationalisme, ils ont tellement assimilé l’Europe des nations au chauvinisme et à la guerre, ils sont tellement enfermés dans les chimères d’un internationalisme prolétarien plus que jamais imaginaire, qu’ils se trouvent incapables d’envisager, à mon avis, la seule Europe possible, celle des peuples qui coopèrent entre eux autour de projets concrets.
Alors ils rêvent d’une espèce d’Europe mythique pseudo révolutionnaire où les autres peuples deviendraient tous convaincus de la pertinence des thèses de l’extrême gauche française.
J’ai l’impression cependant que face à cette assemblée de gauche, j’ai pu en ébranler beaucoup en leur expliquant qu’à force de rêver l’Europe ils étaient devenus prisonniers d’une oligarchie qui tuait la démocratie et que la seule solution était de redonner une marge de manœuvre aux nations, seuls repères des peuples.
Mais soyons francs, je doute que les élites de gauche soient capables de se défaire de leurs chimères idéologiques qui les rendent prisonniers d’illusions supranationales totalement périmées.
Notre combat à nous, les Gaullistes et les Républicains, est bien sûr difficile car il nous faut desserrer l’étau de la gauche rêveuse ou naïve et de la droite libérale et cynique.
Les deux ont voulu court-circuiter le peuple, se passant de la démocratie et privilégiant un échelon européen qui entraîne notre pays à sa perte. Ils n’ont pas compris, justement, que pour peser sur l’Europe et en faire un instrument utile de solidarité et de progrès, la France doit conserver la maîtrise ultime de son destin, assumer et défendre ses valeurs.
Mais en revanche, je reste convaincu que le peuple français, lui, dans ses profondeurs, a très bien compris que la voie dans laquelle on l’entraîne depuis 20 ans n’est pas la bonne.
Il nous reste à convaincre que nous avons la solution pour redonner à la France sa liberté tout en reconstruisant une belle Europe des coopérations.
NDA